www.course2000.com

e-learning - L'entreprise face aux banques et aux marchés - L'essentiel à savoir sur le monde financ

les eurobonds

 

 

00 bce (11).jpg Ce module permet de bien comprendre la nature de cet outil et donc le pourquoi des discussions interminables entre les gouvernements européens depuis 2014. Entre-temps, la BCE a fait preuve de beaucoup d'inventivité pour contourner les désaccords.

En bref

Les eurobonds sont tout simplement un moyen de mettre en commun les dettes européennes avec pour conséquences principales le même taux d'intérêt pour tous et surtout la solidarité de tous en cas de défaillance de l'un d'entre eux. 

 

Aujourd'hui lorsqu'un pays emprunte, il le fait en émettant des obligations à son nom, appelées en anglais des bonds. Cette appellation est générique. En France, on parle d'OAT - Obligations Assimilables du Trésor, aux Etats-Unis de Treasury Bills ou T-Bills, en Allemagne de Bund. Pour l'emprunteur, signer un crédit ou émettre une obligation reviennent au même sur le plan économique: dans l'un et l'autre cas il faut rembourser et payer des intérêts. Pour le prêteur, la démarche est la même en ce sens qu'il se soucie de la capacité financière de l'emprunteur. Mais il y a une différence, une différence capitale même: le prêteur peut revendre son obligation à tout moment. Tandis que le prêteur classique est "ligotté". Cet aspect des choses est fondamental puisque c'est la base de la notion de marché et de titre, etc... COURSE2000 donne une grande importance à ces sujets perçus à tort comme difficiles.

 

Si la mise en commun de la dette était réalisée, les pays n'emprunteraient plus de manière dispersée comme c'est le cas aujourd'hui, mais à travers une une seule entité emprunteuse, au nom de l'Europe. Les obligations émises dans cette hypothèse seraient des obligations européennes, baptisées eurobonds.

Il faut reconnaître que l'incitation à réduire la dette derait évidemment moins forte pour les pays déjà endettés.

 

 

 

définition d'un eurobond  au départ, la crise grecque

acheteur ou émetteur d'eurobond  les deux points de vue 

le débat européen  le refus des  pays du Nord

2015-2017  comment la BCE e contourné le problème

   

 

 

 

 

qu'est-ce donc qu'un eurobond ?

Un eurobond est une obligation émise par l'Europe, c'est-à-dire par l'une des institutions financières européennes.

 

-euro signifie que l'engagement de rembourser l'eurobond est réparti sur l'ensemble des pays de la zone euro et non pas sur un pays en particulier.

-bond se traduit par obligation.

 

Pour savoir quelle signature apparaîtrait sur un eurobond, il faut se référer aux obligations d'Etat. Celles-ci sont signées par le ministre des finances et le directeur de la Banque Centrale. Un eurobond serait probablement signée par le seul directeur de la BCE, la banque centrale européenne.

 

 

corporate-bond2.jpg

  

 

la crise grecque à l'origine des eurobonds

 

titre.jpg

 

Le scénario grec s'apparente à celui d'un débiteur fragile, membre d'une famille riche. Chacun des créanciers du débiteur fragile- banque, amis, relations d'affaires - est persuadé qu'en cas de problème la famille viendra toujours à la rescousse du membre défaillant et paiera les créanciers.

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est exactement ce qui s'est passé avec la Grèce. Les banques du monde entier, les sociétés d'assurance, les fonds de pension les plus sérieux ont prêté à la Grèce, persuadés que l' "Europe", famille riche, garantirait implicitement la dette grecque, ou de l'un quelconque de ses membres d'ailleurs.  

Certes tous savaient que la contrainte de solidarité européenne ne figurait dans aucun texte. Le respect implicite de cette disposition était cependant imaginable car il en allait à leurs yeux de la force même de la monnaie européenne.

 

Lorsque les créanciers de la Grèce ont compris que l'Europe ne garantirait pas la dette de ce pays, un vent de panique s'est levé. De leur coté, bien-sûr, mais aussi du coté grec, car du jour au lendemain la Grèce ne trouvait plus d'acheteurs des nouvelles obligations émises, sauf à payer des taux d'intérêts extravagants.

 

L'idée de créer des eurobonds était astucieuse car elle permettait d'établir implicitement cette solidarité financière sans parler explicitement de garantie, inacceptable au plan juridique et politique.

 

 

 

 
point de vue du détenteur de l'eurobond

Une obligation c'est une reconnaissance de dette, en mieux, car elle est faite pour lui permettre de circuler facilement, c'est-à-dire d'être vendue-achetée-revendue... indéfiniment.

 

Une reconnaissance de dette est en effet nominative, donc si elle est cédée à un tiers, il faut à chaque fois mentionner le nom du nouvel acquéreur. Une obligation est au porteur, ce qui en facilite la cession.

 

La facilité de cession est capitale, car c'est la condition de l'attractivité de cette forme d'investissement. La philosophie des bonds est semblable à celle des actions.

 

L'acheteur d'une action sait qu'il peut la revendre en bourse à tout moment. Il en est de même pour l'acheteur d'une obligation. Cette facilité est la base-même des deux systèmes. Sans elle, il n'y aurait pas ou très peu d'acheteurs d'actions ou d'obligations. Il n'y a pas que les obligations d'Etats d'ailleurs. Obligations et actions sont incidemment la clé du développement des entreprises qui disposent ainsi de financement complémentaire du crédit bancaire et de la bourse.

 

Il existe un marché des obligations comme il existe un marché des actions. Le marché des obligations est moins connu que la bourse car les intervenants sont des professionnels plutôt que des particuliers.

 

Cette notion de circulation - on parle souvent de "mobilisation"- est fondamentale. Créer la mobilité du crédit a été une invention de grande portée, car elle a facilité son essor. Elle est au coeur de la titrisation, qui n'est rien d'autre qu'une passerelle entre la banque et le marché des obligations. Comme expliqué dans le module concerné, titriser un crédit, pour une banque, c'est transformer ce crédit matérialisé par un contrat et ses annexes en obligation. La banque à l'origine du crédit le "vend" à un organisme spécialisé qui paye la banque grâce au placement d'obligations - des titres - à des investisseurs.

 

Il faut savoir que les obligations d'Etat sont souvent considérées comme des instruments de trésorerie à court terme par les grandes entreprises ou les sociétés d'assurances.. Elles constituent les supports commodes pour des placements de courte durée. 

 

point de vue de l'émetteur de l'eurobond

Le détenteur de l'eurobond est sûr d'être payé puisque l'Europe est solvable. De son point de vue, le débiteur n'est pas l'un des pays européens mais l'ensemble de ceux-ci.

 

Du coté des débiteurs, donc du coté des Européens, la situation est moins simple. La solidarité entre eux est obligatoire, car si l'un des pays européens est incapable rembourser sa part de l'eurobond, les autres doivent s'arranger entre eux et avec ce pays pour payer à sa place. C'est bien évidemment l'un des points sur lequel la discussion des européens a achoppé.

 

L'autre problème posé est celui des intérêts. Les taux d'intérêts de la dette émise par les pays européens n'est pas la même d'un pays à l'autre. Les "bons" payent des taux faibles, les "moins bons" payent des taux élevés. Comme on sait, le taux augmente avec le risque. Le taux d'un eurobond doit donc refléter la situation moyenne des taux. Cela signifie que les pays à taux élevés paieraient moins d'intérêts avec les eurobonds, et qu'inversement, le coût d'endettement des pays "vertueux" augmenterait.

 

 

 

 

tx europe.jpg
 

 

La solidarité a donc un double coût. Le coût potentiel de la défaillance de l'un des pays européens, et le coût réel d'une augmentation de la charge d'intérêts pour les pays vertueux.

On comprend la difficulté politique du problème. Dans aucun pays d'Europe il n'est possible de faire accepter de tels sacrifices à l'opinion publique.

 

 

 

 
le débat européen 

Comme on sait la proposition relative à la création des eurobonds a été rejetée par les pays du Nord de l'Europe et par le premier d'entre eux, la République Fédérale d'Allemagne.

 

La  raison de ce refus n'est pas seulement liée à un problème d'opinion publique dans ces pays, qualifiés hâtivement d' "égoisme". Elle repose aussi sur un élément proche du bon sens du banquier. Le banquier ne débourse jamais un crédit avant que les conditions de ce crédit (garantie, engagement de rentabilité, équilibre des comptes, etc ...) soient satisfaites. Si l'argent est versé avant cela, il est illusoire de compter sur la mise en place de ces conditions.

 

Forts de ce principe, les pays du Nord ont dit aux pays du Sud: "Faites d'abord le ménage dans vos dépenses, et nous serons d'accord pour que l'Europe emprunte solidairement pour vous".

 

refus de l'Allemagne

 

Pour comprendre le refus de solidarité avec la Grèce dans l'opinion publique allemande, il faut s'immerger dans le contexte de ce pays.

 

Trois éléments sont à retenir, la réunification de 1989, les lois Schroeder et le système de péréquation fédérale.

-La réunification allemande de 1989 a donné lieu à un immense transfert de richesses de l'Ouest vers l'Est. Chaque foyer allemand a dû s'acquitter d'un impôt spécifique, l'Impôt de Solidarité.

-Les lois Schroeder et Harz de 1995 destinées à renforcer la compétitivité allemande se sont traduites par de sévères contraintes salariales ainsi que par des coupes drastiques dans le système d'indemnisation du chômage.

- La loi fédérale allemande en matière budgétaire stipule la contribution des régions (länder) riches en faveur des états pauvres. Ce mécanisme de solidarité des régions donne lieu chaque année à de violents débats. L'indiscipline, voire la paresse des régions pauvres est mise sur la place publique. La riche et vertueuse Bavière annonce qu'elle refuse de payer pour la Basse-Saxe dépensière. Après quelques semaines de discussion en et en dehors de la sphère parlementaire, les choses rentrent dans l'ordre, les budgets sont acceptés, et le mécanisme compensateur légal est appliqué.

 

On comprend mieux les réticences allemandes face aux Eurobonds. Elles ne découlent pas seulement d'une opinion a priori hostile au principe de solidarité. Elles procèdent aussi d'une analyse de bon sens.


Où serait la contrainte à la remise en ordre des économies concernées ( Grèce, Italienne, France, Espagne, ....) si du jour au lendemain ces pays pouvaient se financer sans problème et à bas coût ? Cette contrainte disparaîtrait instantanément.
La position de bon sens est donc pour chaque pays en difficulté de rétablir l'équilibre budgétaire et d'en faire une contrainte légale incontournable. C'est à ces conditions qu'un système d'eurobond sera mis sur pied un jour en Europe. Cela dit, le "prix à payer" pour le redressement budgétaire des pays concernés est énorme en termes économiques et sociaux. De sorte qu'une interrogation se fait jour à propos des alternatives à l'austérité. Un autre problème.

   

 

 

 

 

 

2015-2016 l'action de la BCE

La BCE a contourné de manière subtile le problème politique posé par les pays du Nord et notamment par l'Allemagne et leur refus d'émettre des eurobonds.

 

Il faut  savoir en effet que la presque totalité de la dette publique grecque est aujourd'hui détenue par la BCE. Donc finalement, c'est l'ensemble des pays européens qui prêtent à la Grèce à travers la Banque Centrale Européenne. C'était bien-là le but recherché par le biais des eurobonds.

 

Comment cela a-t-il été possible? C'est une des conséquences indirectes des mesures de 2014 et surtout du fameux plan de quantitative easing lancé au début de l'année 2015, poursuivi en 2016. La BCE a en effet offert aux banques européennes de racheter les obligations qu'elles détenaient dans leur bilan. Les banques ont suivi car les conditions de rachat étaient très avantageuses.

    

 

 

@ D2a.jpg
    

  

 

 

 

 

 

 

 

  

MAJ  15/01/2017



07/04/2015