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e-learning - L'entreprise face aux banques et aux marchés - L'essentiel à savoir sur le monde financ

CRÉATION MONÉTAIRE

 

 

 

 

 

 

Les banques et la création monétaire

 

Les banques créent de la monnaie est-il dit dans les manuels d’économie, mais les banques centrales créent aussi de la monnaie, comme l’actualité en fait souvent l’écho. C’est ainsi que l’action de la BCE depuis 2015 a été régulièrement qualifiée d’« inondation des marchés en liquidités ». Qu’il s’agisse ou non de la même monnaie, on peut s’interroger sur la coexistence de deux sources et les règles d’émission par l’une ou par l’autre.

Dans l’approche théorique, il est précisé que la première manière de faire crédit consiste pour la banque à prêter l’argent des déposants. Mais, est-il ajouté, la banque peut aussi prêter l’argent qu’elle n’a pas et qu’elle va créer. Pour cela elle procède simplement à un jeu d’écriture consistant à inscrire simultanément un crédit à l’actif de son bilan et un dépôt équivalent au passif sur le compte de l’emprunteur. Une formule résume cette conception de la création monétaire « les crédits font les dépôts ».  Dans cette dernière hypothèse, le bilan de la banque s’alourdit du montant ainsi créé et prêté.

La poursuite du raisonnement montrerait sa fragilité. Il suffit en effet de penser à l’utilisation effective du crédit par le client emprunteur. Le plus probable est qu’il va émettre un chèque en faveur d’un tiers. Et la banque de ce tiers va présenter le chèque à la banque émettrice. Pour honorer ce chèque, la banque émettrice n’a d’autre choix que de puiser dans son compte auprès de la banque centrale. L’actif de son bilan revient alors à la situation initiale puisque la créance sur le client emprunteur est compensée par une diminution de son compte auprès de la banque centrale. Ce compte retrouvera ensuite sa position de départ après le remboursement complet du crédit. La création monétaire par la banque est donc fictive, en ce sens que l’argent injecté dans l’économie provient de la banque centrale. On pourrait dire que la banque a prêté l’argent de son compte auprès de la banque centrale plutôt que celui d’un dépôt existant en provenance d’un autre client.

Parler de création monétaire par la banque est donc quelque peu abusif. Quelques économistes ont corrigé le tir en introduisant la notion de monnaie banque centrale. On pourrait dire ainsi que la banque déclenche la transformation de monnaie banque centrale en monnaie courante.

Le flou entretenu sur les acteurs de la création monétaire doit être corrigé, car il est la source de plusieurs malentendus sur le fonctionnement réel du monde bancaire. Si la création monétaire était effectivement le fait des banques, comment expliquer alors les milliards d’euros prêtés par la BCE ces dernières années, afin précisément d’encourager le crédit bancaire. Comment expliquer aussi la raison d’être d’une institution essentielle, le marché interbancaire, lequel permet aux banques d’échanger leurs liquidités sans avoir à recourir à chaque fois à leur compte auprès de la banque centrale.

La conséquence la plus insidieuse de cette mise en avant du pouvoir des banques par la création monétaire est d’accréditer la méfiance qui les entoure. A l’affirmation douteuse de leur pouvoir de création monétaire s’ajoute le reproche défini par l’aléa moral. Depuis la crise des subprimes, les médias ont ainsi repris en boucle ce théorème fallacieux, selon lequel les banques n’hésitent pas   à prendre des risques inconsidérés car elles se savent couvertes par la puissance publique en cas de problèmes graves. C’est faire peu de cas des pertes totales subies par les actionnaires et le personnel dirigeant bénéficiaire de stock options en cas de faillite, le  sauvetage par la puissance publique étant avant tout destiné à protéger les déposants.

Rétablir la confiance vis-à-vis des banques impose la correction des idées fausses qui les concernent. Cette confiance est essentielle pour faire comprendre à l’opinion l’importance d’un système financier solide pour l’avenir de la France et de l’Europe face à la domination  des marchés financiers américains et bientôt chinois.

 

 

 

 

 

 

   

 

 

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09/12/2018